Dans les abysses, le quotidien des
familles.
« Nous avions passé une magnifique
journée, les enfants étaient au lit, sourit Nathalie (prénom d'emprunt), une
amie d'enfance. Nous étions fatigués et sommes allés nous coucher. » Puis, d'un
coup son visage chavire, j'ai du mal à reconnaître cette fille toujours pleine
de vie, enjouée, le rire au bord des lèvres : « Le lendemain, mon mari est
devenu totalement aveugle, d'un seul coup. Sans le moindre signe avant-coureur.
Il ne sait plus rien faire, il reste à la maison toute la journée, il ne sait
même plus faire la vaisselle ni s'occuper des gosses. » Elle explose de colère
: « Je travaille toute la journée, je ne sais plus quoi faire. Il a perdu son
travail! Je n'ai même plus goût à rentrer chez moi, c'est tellement difficile.
»
Anne Remacle, auteure d'une
recherche pour la Mutualité Chrétienne6 explique : « L’impact sur l’humeur peut
être tel que les relations avec les proches sont mises à mal : crise dans le
couple, prise de distance par rapport aux enfants, isolement... » Les premiers
mois sont les plus délicats psychologiquement : « Il y a d’abord le problème
physique ou psychique, la maladie qui mine le quotidien. La diagnostiquer,
l’accepter, la traiter, la “justifier”…marquent les premiers mois d’incapacité
de travail et en font un moment délicat. Outre la maladie et son traitement, il
faut souvent apprendre à vivre avec la douleur, parfois chronique, avec les
éventuels effets secondaires des médications, avec aussi d’autres problèmes de
santé connexes. » Du côté de l’INAMI, qui dépend du Ministère de la Santé,
l'optique est diamétralement opposée à toute ces considérations humaines. La
task force mise en chantier dans le giron de son contrat d’administration 2010-
2012, a a injecté €10 millions afin d’augmenter le nombre de parcours de
réinsertion proposés aux assurés.
6 MC Informations 248 (juin 2012 )
Et créé deux groupes de travail: le premier
chargé de la réinsertion socio-professionnelle, l’autre l’évaluation médicale.
Le tout avec pour seul objectif la remise au travail le plus tôt possible.
Souvent trop tôt d'ailleurs. Et du plus grand nombre possible d'invalides, de
grands malades ou de malades chroniques. « En matière de réinsertion
socio-professionnelle, un premier pas a été franchi avec la loi du 13 juillet
2006 (approche plus positive axée sur les capacités restantes de la personne).
Toutefois, il y a encore trop peu de demandes de réadaptation et de
réorientation professionnelles. Les protocoles de collaboration avec les
organismes spécialisés dans la réinsertion ont tardé à être conclus. Un contrat
vient seulement d’être conclu début 2011 entre l’INAMI et le VDAB (les autres
organismes suivront), contrat dans lequel le VDAB s’engage à initier un
parcours de réinsertion professionnelle pour un contingent limité de titulaires
reconnus en incapacité de travail. »
Ph. Destoky
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